Le kamikaze de Khost était également l’auteur d’une fatwa condamnant à mort Robert Redeker

L’agent double jordano-américain, Humam Khalil Abou Mulal al-Balawi (photo), qui s’est fait exploser le 30 décembre à Khost, une base américaine d’Afghanistan, tuant sept membres de la CIA dans l’attaque la plus meurtrière contre les services de renseignement américains depuis 1983, animait également un site musulman à l’origine d’une fatwa qui condamne à mort le professeur de philosophie Robert Redeker
Dans une tribune islamosceptique publiée par Le Figaro en septembre 2006, Redeker écrivait entre autre : « L’islam essaie d’imposer à l’Europe ses règles : ouverture des piscines à certaines heures exclusivement aux femmes, interdiction de caricaturer cette religion, exigence d’un traitement diététique particulier des enfants musulmans dans les cantines, combat pour le port du voile à l’école, accusation d’islamophobie contre les esprits libres. » ; « Haine et violence habitent le livre dans lequel tout musulman est éduqué, le Coran » ; « Exaltation de la violence : chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame, tel se révèle Mahomet à travers le Coran. ».
Des propos pas vraiment en décalage par rapport à la vérité factuelle, mais qui avaient néanmoins eu l’heur de provoquer l’ire de Youssef al-Qaradawi, le prédicateur islamiste vedette d’al-Jazeera. Un al-Qaradawi pour lequel le premier rôle des femmes musulmanes est de « fabriquer des combattants de l’islam » et qui voit dans les apostats de l’islam des « traîtres en temps de guerre »… Plusieurs pays arabes, dont l’Égypte, avaient momentanément interdit Le Figaro. Prudemment, la rédaction du journal avait présenté ses excuses au monde arabo-musulman sur la chaîne de télévision qatarie.
Depuis lors, Redeker vit sous protection policière, laquelle vient d’être renforcée après la tentative de meurtre dont vient de faire l’objet le dessinateur danois Kurt Westergaard, l’auteur d’une caricature de Muhammad représentant le prophète coiffé d’un turban en forme de bombe – une caricature qui, au vu des circonstances actuelles, ne manque pas d’une certaine pertinence. Ces caricatures, qui en 2005 avaient déclenché une incroyable vague d’hystérie collective dans les pays musulmans, viennent d’être republiées par le journal danois Jyllands-Posten, dont il faut saluer le courage et l’indépendance d’esprit, à des années-lumière du conformisme frileux et bêlant de la grosse presse française. Sous le pseudonyme d’Abu Dujana al-Khorasani, le Jordanien Humam Khalil Abou Mulal al-Balawi multipliait sur Internet les diatribes contre l’Occident. Son site al-Hesba expliquait en 2006 « comment tuer un croisé dans la péninsule arabique ». La fatwa condamnant à mort Robert Redeker y était régulièrement réactivée.
Au début de l’année 2008, les services secrets jordaniens, convaincus d’avoir retourné al-Balawi, le présentèrent à la CIA. Dès lors, le site al-Hesba pouvait tranquillement continuer à distiller sur le net son message islamiste, alors que d’autres sites proches d’al-Quaida étaient fermés. Jeudi, l’organisation de Ben Laden a officiellement revendiqué l’action kamikaze d’ al-Balawi. Son attentat suicide a été présenté comme une «vengeance» après les attaques de drones américains au Pakistan, notamment celle contre le chef taliban Baitullah Mehsud. Dans un testament vidéo diffusé par al-Jazeera, al-Balawi explique son geste. « C’est un message aux ennemis de la nation islamique, les services de renseignement jordaniens et la CIA » y déclare-t-il. « Le combattant de Dieu n’expose jamais sa religion au chantage et ne la renie jamais même si on lui offre le soleil dans une main et la lune dans l’autre », ajoute-t-il, faisant allusion à son statut d’agent double jordano-américain.
Pour Redeker, l’attentat suicide de Khost « montre que les menaces dont j’ai fait l’objet n’étaient pas de la provocation ou des paroles en l’air. Sur le site d’al-Balawi, des photos de moi, mon adresse personnelle mes lieux de travail étaient précisés. ». La mort de l’islamo-terroriste ne rassure pas pour autant le professeur de philosophie : « al-Qaida fonctionne comme une hydre, affirme-t-il. Sitôt une tête coupée, d’autres surgissent ». Sur sa page Facebook, un musulman espagnol vient de déclarer qu’il était chargé d’éliminer Robert Redeker.
Henri Dubost pour Novopress France le 9 janvier 2010