mardi 12 janvier 2010

La leçon de résistance de Robert Redeker

La France doit-elle craindre des attentats si le parlement vote l'interdiction de la burqa? "Je suis sûr, dans ce cas, que nous aurons droit à un discours d'al-Zawahiri, le numéro deux d'al-Qaida, sur la chaîne de télévision al-Jezira comme il l'avait fait sur le voile", estime le juge antiterroriste Marc Trévidic, dans Le Journal du Dimanche. Pour lui, "on assiste à une vraie poussée du fondamentalisme. La menace est éclatée et peut venir de partout". Y compris d'un agent de la CIA : l'un deux travaillait en réalité pour al-Qaida et s'est fait exploser récemment en Afghanistan, tuant sept membres du renseignement américain. Samedi, la vidéo-testament de cet agent double jordanien, Human Khalil Abu-Mulal al-Balawi, a été diffusée par al-Jezira. Or c'est ce même homme qui avait lancé en 2006 une fatwa contre Robert Redeker, après un article paru dans Le Figaro dans lequel le philosophe français, se réclamant de Voltaire et de l'esprit des Lumières, s'en prenait à l'islam et à Mahomet. Depuis, Redeker vit sous haute protection policière dans l'indifférence générale.C'est de lui dont je voudrais parler ce lundi, après avoir brièvement évoqué son cas vendredi soir sur RTL, peu avant "On refait le monde". Car il est tout simplement scandaleux qu'un intellectuel français, oublié par l'opinion et lâché par une partie de l'intelligentsia, soit obligé de se cacher depuis plus de trois ans pour échapper à une sentence de mort lancée par des néofondamentalistes désireux de châtier un blasphème. Voilà ce qu'il m'écrivait vendredi, dans un des échanges de mails que nous avons régulièrement depuis qu'il doit subir son exil intérieur : "Il n'est pas question d'avoir des habitudes fixes, de revenir habituellement aux mêmes endroits. Je ne connais pas le nom de mes voisins. Je me cache d'eux. Mon domicile n'est pas mon adresse postale. Je ne vais jamais faire les courses au même endroit (...) Généralement les clandestins se cachent des autorités. Mon cas est l'inverse : avec l'aide des autorités, je me cache de mes concitoyens. Je me cache de la société civile".Mercredi dernier, le journal danois Jyllands-Posten lui a accordé une page entière, pour un entretien dans lequel il dit toute sa solidarité avec Kurt Westergaart, un des douze caricaturistes de Mahomet, dont les dessins publiés par ce même quotidien avaient été à l'origine de la flambée de violences dans le monde musulman, en septembre 2005. Westergaart a récemment échappé à une tentative de meurtre en se réfugiant, avec sa petite-fille, dans sa salle de bain. Curieusement, une fois de plus, cet attentat n'a eu que peu d'écho en France. "Cet homme est un héros de la liberté de penser, Voltaire l'aurait admiré", estime Redeker dans cet interview. "Mais, au delà de Westergaard et moi-même, ce sont tous les hommes et femmes libres qui, dans les pays démocratiques, doivent se sentir troublés et en danger après cet attentat (...) Le but de ces menaces est de conduire à paralyser l'intelligence, à terroriser la pensée. Penser, c'est dire non à la terreur". Est-ce la peur qui fera reculer la France sur la burqa ?Je participerai, mardi, à l'émission "On refait le monde" sur RTL (19h15-20h)
Ivan Rioufol pour le blog.lefigaro.fr/rioufol le 11 janvier 2009

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