samedi 19 décembre 2009

Climat : Copenhague s'achève dans la confusion

Climat : Copenhague s'achève dans la confusion

L'accord à minima annoncé vendredi soir par Obama et Sarkozy n'a pas été adopté en séance plénière. Les débats se poursuivent, sur un constat d'échec.

Le sommet de Copenhague sur le climat se dirige vers l'échec. L'accord à l'arraché annoncé vendredi soir par Nicolas Sarkozy et Barack Obama n'a pas été adopté, et la confusion règne encore samedi matin, alors que s'achève la réunion.
Vendredi soir, plusieurs chefs d'Etat de pays du Nord, donc Barack Obama et Nicolas Sarkozy, ont annoncé la conclusion d'un accord minimaliste. Cette déclaration politique, proposée par 26 pays industrialisés, dont la Chine, n'était pas à la hauteur des ambitions du sommet. Elle se contentait de confirmer l'objectif d'une limitation à 2°C de la hausse des températures, sans fixer aucun objectif à 2020 ou 2050, notamment dans la baisse des émissions de CO2, ni instaurer d'Organisation mondiale de l'environnement, comme le souhaitait l'Europe.
L'accord politique prévoit également, sans entrer dans le détail, la création d'un fonds spécial et d'une enveloppe de 30 milliards de dollars à court terme (années 2010, 2011 et 2012), qui monterait ensuite à 100 milliards de dollars d'ici à 2020, destinée en priorité au profit des pays les plus vulnérables.
Obligé - ironie du sort - par la météo à décoller plus tôt que prévu pour Washington, Barack Obama avait salué un accord «significatif» et «sans précédent». Moins positif, Nicolas Sarkozy avait quant à lui fait part de sa déception, tout en estimant «positif» cet accord, «même s'il n'est pas parfait». Selon les deux chefs d'Etat, l'un des points à retenir était le consensus trouvé par les 192 pays qui participaient au sommet. «La totalité de ces engagements chiffrés sera présentée au mois de janvier», avait expliqué le chef de l'Etat, qui est reparti dans la nuit pour Paris.
Un accord annoncé trop vite
Mais les deux chefs d'Etat ont sans doute parlé un peu trop vite d'un accord : dans la nuit, nombre de déclarations sont venues démentir ce consensus. A la tête de la contestation, le petit archipel de Tuvalu, dont l'existence même est mise en danger par le réchauffement climatique, et qui estime que cet accord est «une poignée de petite monnaie pour trahir notre peuple et notre avenir».
La Bolivie a critiqué «les méthodes employées» pour obtenir cet accord, estimant que le premier ministre danois Lars Loekke Rasmussen, président de la conférence, avait «fait obstacle à la démocratie et à la transparence». La déléguée du Venezuela l'a quant à elle accusé d'avoir «conduit un coup d'état contre les Nations unies».
Cuba s'en est pris à Barack Obama, accusé de «s'être conduit comme un empereur et d'avoir «annoncé un accord qui n'existe pas». De fait, contrairement aux annonces des pays du Nord, les 193 pays participant à la conférence n'ont pas approuvé la proposition.
C'est du Soudan, représentant l'Afrique, qu'est venu l'attaque la plus violente. Son délégué, Lumumba Stanislas Dia-Ping, a estimé que l'accord proposé «appelle l'Afrique à signer un pacte suicidaire». «C'est une solution fondée sur des valeurs qui ont envoyé six millions de personnes dans les fours en Europe», a-t-il poursuivi, sous les protestations des délégués européens et américains.
Confusion sur la fin du sommet
Principal grief du Sud : les conditions dans lesquelles cet accord a été trouvé. Le Nord aurait négocié en secret, en contradiction avec les règles des Nations Unies, où le multilatéralisme prévaut. «Il s'agit d'un accord politique entre chefs d'Etat, pas d'un contrat, par lequel les dirigeants ont tenté de relancer la machine», reconnaissait dans la nuit Jean-Louis Borloo.
Mais ces décisions doivent être transformées en «décisions de la conférence» pour être rendues «opérationnelles», a rappelé samedi à l'aube, en séance plénière, le ministre britannique de l'Environnement Ed Miliband. «C'est la meilleure chose à faire, sinon nous ne pourrons pas activer ces fonds, ce qui désavantagerait beaucoup de gens à travers le monde».
Samedi matin, l'accord n'est toujours pas signé à Copenhague, où le sommet doit pourtant s'achever incessemment. Le Premier ministre danois, hôte du sommet, Lars Loekke Rasmussen, estime que l'absence de consensus signifie que le texte ne pourrait pas être adopté.
Associations et écologistes sont consternés. Pascal Husting, directeur de Greenpeace France, a dénoncé un «désastre», et un «recul» par rapport à Kyoto, avec un projet d'accord ayant «la substance d'une brochure touristique». Nicolas Hulot a jugé «affligeant» et «consternant» le résultat de la conférence. «Garder l'espoir, ça va devenir un acte de bravoure», a-t-il lancé sur France Info samedi matin.
Pour la plupart des participants, il faut maintenant attendre l'an prochain et une nouvelle conférence, à Mexico, pour espérer faire avancer la lutte contre le réchauffement.Publie dans le figaro du 19 dec 2009

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