mercredi 3 février 2010

Les Etats-Unis nuisent à la sécurité de la Chine, affirme Pékin

Les Etats-Unis, qui envisagent une nouvelle vente d'armes à Taiwan, "portent atteinte à la sécurité nationale de la Chine et à ses efforts de réunification pacifique", a déploré le ministre des Affaires étrangères, Yang Jiechi, rapporte dimanche l'agence Chine nouvelle.


Le gouvernement américain a informé vendredi le Congrès de ses projets de vente d'armements - hélicoptères et missiles antimissiles notamment - à Taiwan pour un montant de 6,4 milliards de dollars.

Pékin a annoncé quelques heures plus tard la suspension des relations militaires avec Washington, ainsi que l'interruption du dialogue sur les questions de sécurité stratégique, de contrôle des armes et de prolifération nucléaire.

Au mépris de la forte opposition et des protestations répétées de la Chine, l'administration américain a annoncé son intention de vendre des armes à Taiwan, a regretté le chef de la diplomatie chinoise, personnalité la plus haut placée à avoir commenté ce projet.

"Un tel geste va gravement à l'encontre des trois communiqués conjoints entre la Chine et les Etats-Unis, notamment celui du 17 août, signé en 1982", a-t-il souligné, dénonçant une ingérence grossière dans les affaires intérieures de la Chine.

Yang Jiechi, interrogé alors qu'il se rendait à Chypre, a en outre invité les Etats-Unis "à respecter les intérêts fondamentaux et les préoccupations majeures de la Chine, à révoquer immédiatement la décision erronée de vendre des armes à Taiwan et de cesser les ventes d'armes pour ne pas porter atteinte aux relations sino-américaines", ajoute Chine nouvelle.

APPELS AU BOYCOTT

Pékin a donc décidé la suspension partielle ou le report de certains projets dans le domaine de la coopération militaire. Une visite du secrétaire américain à la Défense Robert Gates, qui devait se rendre en Chine cette année, serait notamment concernée.

Fait sans précédent, les autorités ont en outre brandi la menace de représailles à l'encontre des compagnies impliquées dans le projet de vente d'arme à Taiwan, que Pékin considère comme une province sécessionniste.

"Alors que le monde est aux prises avec la crise financière et qu'il est confronté en outre à des problèmes tels que le changement climatique, la sécurité alimentaire et la non-prolifération nucléaire, les contretemps ne servent pas les intérêts américano-chinois", souligne Chine nouvelle, tandis que l'administration américaine s'efforce de minimiser l'affaire.

"Nous regrettons que le gouvernement chinois ait manifesté l'intention de réduire ses projets de coopération militaire, entre autres échanges dans le domaine de la sécurité, et de prendre des mesures contre les compagnies qui fournissent des armes à Taiwan. Nous estimons que notre politique contribue à la stabilité et à la sécurité de la région", a réagi Philip Crowley, porte-parole en chef du département d'Etat.

Parmi les entreprises impliquées figurent Sikorsky Aircraft, filiale de United Technologies et constructeur de l'hélicoptère Black Hawk, Lockheed, qui produit les missiles Patriot, l'intégrateur de système par Raytheon et Boeing, pour les missiles Harpoon.

Le Global Times, titre apprécié en Chine pour son orientation nationaliste, et le portail internet Sohu ont lancé des pétitions en ligne, dont certains signataires prônent le boycott des produits américains.

L'affaire vient s'ajouter aux contentieux sur les droits de l'homme, les changes, Internet et le Tibet. Barack Obama, pourrait, qui plus est, rencontrer dans les prochains mois le dalaï-lama, chef spirituel en exil des Tibétains, que la Chine qualifie de dangereux séparatiste.

La secrétaire d'Etat Hillary Clinton s'en est récemment prise à Pékin dans un discours sur les atteintes à la liberté d'expression en ligne. Quelques jours plus tôt, Google avait menacé de quitter la Chine en raison de la censure et de cyberattaques.




Ben Blanchard, version française Jean-Philippe Lefief

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