Brésil : Le Rafale à deux doigts de prendre un vent
Nicolas Sarkozy et Le Figaro ont un peu prématurément annoncé la signature du contrat de vente de 36 Rafale au Brésil. En réalité, l'affaire est loin d'être conclue, si l'on en croit Dominique Merchet de Secret Défense.
Sarkozy l’avait dit sur TF1 et France 2 en direct : la vente de Rafale au Brésil, c‘était fait. Plié. Trente six avions que les Brésiliens allaient nous acheter. Juste quelques détails à régler, une signature, et on allait commencer les livraisons. Le Président annonçait alors fièrement la première vente de l’avion de combat français à l’étranger. Pour assurer la vente, Sarko avait négocié le soutien de la France à l'élargissement du G8 en faveur du Brésil.
La presse de Papy Dassault était au diapason,
Le Figaro titrant sans précautions : « Le Brésil va acquérir 36 avions de combat Rafale »
C’était en septembre 2009. Depuis, plus rien ou pas grand chose, sinon des rumeurs selon lesquelles les choses n’étaient peut-être pas aussi simples qu'une annonce en direct à la télé.
Pas de quoi s’alarmer pour autant, les tractations continuaient et Le Rafale, considéré par les spécialistes comme un des meilleurs avions du monde, restait dans la course.
Mais en réalité, la donne a bel et bien changé si l’on en croit Jean-Dominique Merchet, spécialiste des questions de défense à Libération. Sur son blog, le journaliste affirme que le choix de l’armée de l’air brésilienne n’est pas celui de Lula. Bien au contraire, les tensions seraient de plus en plus fortes et le Rafale serait classé en dernière position : « Derrière le Gripen suédois et le F-18 américain : c'est le classement par ordre de préférence de l'armée de l'air brésilienne tel qu'il a été transmis au ministre de la Défense Nelson Kobim.
Le bras de fer entre le président Lula, qui a choisi le Rafale, et les généraux de sa force aérienne prend une tournure de plus en plus vive. Comme les pressions américaines ».
Un choix stratégique en matière d'exportations de défense
Dans un rapport de 30.000 pages (!), la Force aérienne brésilienne fait valoir des intérêts financiers. Le Brésil prévoit, en effet, « d'acheter un premier lot de 36 chasseurs, tout en acquérant le savoir-faire pour produire sur place des avions de combat ». C’est au total près de 120 avions sur une vingtaine d’années que le Brésil prévoit d’acheter mais aussi et surtout à plus long terme son objectif est de se constituer un savoir faire industriel pour gagner son autonomie en matière de technologie de défense. S'affirmant ainsi comme puissance au moins régionale. Un vaste programme et un futur allié de poids.
Une chose est sûre : rien n’est fait et la décision pourrait encore être repoussée au mois d'avril. Lula a toujours affirmé que la décision serait politique mais « les aviateurs brésiliens n'ont jamais accepté la décision politique de leur président et depuis lors font de la guérilla avec l'appui des Suédois et des Américains » écrit Merchet. Reste à savoir si Lula tiendra tête à ses militaires.
L’affaire pourrait sembler banale –un échec de plus. Les commentaires de certains experts du secteur, l’écho que rencontre ce sujet et les pressions sans relâche de pays, tels les Etats-Unis qui d’un pur point de vue commercial pourraient se passer de ce contrat, démontrent son caractère prépondérant et stratégique en ce qui concerne la nouvelle situation de l’exportation des armements de haute technologie.
Régis Soubrouillard Marianne2 05/01/2010
mercredi 6 janvier 2010
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